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Le mystère de la dame de fer
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Solos
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La fille mosaïque
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Des petits riens au goût de citron
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Le mystère de la dame
de fer
Un roman de Régine
Detambel, aux éditions Gallimard, 1998,
dans la collection Folio junior, série Roman
Images.
Avec des photographies de Pascal Dolémieux.
Manon, Nif-Nif et Saturne sont trois
inséparables petits parisiens. Manon, qui ne se sépare jamais de son
mainate, rêve de sauter à l'élastique du 2e étage de la Tour Eiffel.
C'est en faisant des relevés anémométriques qu'ils remarquent un sac
contenant des boules de loto truquées. Tout naturellement, ils sont
intrigués et tentent d'en savoir plus. Surtout quand ils prévoient le
résultat du tirage... Les trois détectives découvrent deux escrocs, les
traquent, se font enlever puis s'échappent au péril de leur vie.
Une histoire d'enfants détectives
de plus, bien ficelée et plutôt bien agréable à lire. C'est mené plus
comme un roman d'aventures que comme un roman policier. L'énigme n'est
pas très difficile à découvrir. On notera au passage que l'histoire de
l'électro-aimant qui influence le résultat du Loto est scientifiquement
invraisemblable, et que les photos ne sont pas toujours en phase avec
le texte.
Ces photographies sont l'originalité. Elles sont moins mièvres que
celles qu'on peut avoir l'habitude de voir dans les romans-photo . Les
jeunes lecteurs apprécieront-ils ? On attend leur verdict.
Le texte est bien écrit, avec ce que qu'il faut d'humour et de
rebondissements. Il plaira sans doute.
Lecture facile, dès 10-11 ans, garçons et filles.
Du même auteur : Le poème indigo,
chez Gallimard, en collection Page Blanche.
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Solos
Vingt nouvelles
fantastiques de Régine Detambel,aux éditions Gallimard,
1998,
dans la collection Page blanche.
Jouer
l'organiste. Un organiste qui aimait le diable de l'église... Elle le
retrouve, avouant qu'il avait été un peu fou le jour où, sur le pont du
diable, il avait voulu l'embrasser. Pourtant certains disent qu'il a
disparu....
[Le Pont du Diable]
Seb se ruinait pour offrir des
disques à Clara, qui vivait seule dans un studio. Elle aimait les
classiques et elle en parlait si bien. Faisait-elle attention à Seb ?
L'aimait-elle vraiment ? Pourquoi ne répondait-elle jamais aux appels
téléphoniques de Seb ? La musique rendrait-elle sourd ?
[Seb]
Si Six-cordes n'avait pas cassé les
cordes de sa guitare, tordu le vibrato, enlevé pile et mécanisme de la
pédale de distorsion, François aurait-il entendu les musiques de la vie
? Le bruit du feu, le frottement d'un pneu contre le trottoir, le bruit
d'un coup de poing, les pièces tombant dans les parcmètres, ou les
griffes du chien qui boîte jouant des triolets ?
[Six-cordes]
Et si Grégoire n'avait pas été à
l'opéra, aurait-il pu tomber amoureux de la cantatrice ? Aurait-il
découvert que les musiciens sont des êtres doubles, selon qu'ils sont
dans la fosse ou dehors ?
[La Fosse]
Roland faisait collection de petits
flacons qu'il remplissait de l'air des concerts aux quels il se
rendait. Pour lui, ils contenaient les concerts eux-mêmes. De "Pink
Floyd, 3 juin 1994" à "Woodstock 1969", il en avait plus d'une
centaine. Certains de ses proches le trouvait très original, un peu
fêlé. Virginie, elle, quand elle a découvert la collection, a voulu
écouter "Reg'Lyss, Montpellier". L'amour a enivré Roland et il lui a
offert le plus grand concert du monde...
[L'air des Rocheuses]
Les personnages de ces vingt
nouvelles sont tous des jeunes. Des jeunes qui sont comme ensorcelés
par la musique, qui en viennent à se battre en duel pour une guitare, à
pousser un musicien dans la rivière, à faire une étrange collection de
petites bouteilles d'air recueilli lors des concerts... Chacun mène sa
vie, cherche sa place, découvre le monde et les autres. Au centre de
leur vie, il y a la musique, comme un chemin qu'ils empruntent pour
aller de l'avant.
Certaines nouvelles sont douces, d'autres cruelles, abjectes même.
Toutes sont plus ou moins fantastiques. L'écriture et fluide, tendre ou
incisive. Ces nouvelles disent bien l'importance de la musique pour les
adolescents. Elles jouent leur petite musique.
Joli recueil à lire
doucement pour bien entendre toutes les harmoniques des textes.
Pour garçons et filles de 15 ans et plus.
© Jean
TANGUY -- 24 juillet 2000
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La
fille mosaïque
Un roman de Régine
Detambel, aux éditions Gallimard, 1999,
dans la collection Frontières.
Le lycée est
vide de ses occupants qui accompagnent le cerceuil de Jean, un jeune
tué par balle alors qu'il tentait d'empêcher deux bandes de s'affronter.
Son amie, Laetitia, se souvient qu'ils s'aimaient, qu'ils ont été
immensément heureux tous les deux, qu'ils étaient ravis qu'on remarque
leur amour. Elle ne se cache pas que Jean était coléreux, susceptible,
pessimiste. Et surtout, elle se rappelle combien il était orgueilleux,
qu'il voulait être parfait, un juste parmi les justes, et que c'est cet
orgueil qui l'a conduit à la mort. Elle se souvient aussi de leur
amitié avec Marie Môme, la bibliothécaire du lycée, qui préfère qu'on
donne à lire des livres qui choquent un peu, des livres puissants,
qui leur fassent peur, qui leur fassent prendre conscience de leur
importance, de l'importance de leur coeur, et de l'importance de chacun
de leurs mots. Donnez- leur à lire "Lolita" au lieu du Grand Meaulnes",
des livres qui les nourrissent. Ils rêvent suffisamment comme ça...
Une femme qui avait su les écouter, les laisser s'aimer, leur donner le
goût de vivre.
Pour l'une et l'autre, quelque chose de Jean continue de vivre...
Ce n'est pas la chronique d'un
enterrement, ni une ode funèbre au cher disparu. Ce n'est même pas une
histoire triste. C'est un moment difficile d'une vie qui a connu des
temps de bonheur. C'est surtout une façon de parler de la vie aux
lecteurs, une façon de dire le sens de ce qu'ils vivent peut-être,
une façon de regarder les gens avec une grande tolérance,
beaucoup de chaleur et d'affection.
J'ai aimé les personnages attachants et bien décrits, ce drame qui se
déroule et qui semble si normal, si banal. J'ai beaucoup de sympathie
pour la bibliothécaire et d'estime pour sa conduite. J'aimerais, ne
serait-ce que de temps à autre, pouvoir être ainsi avec les élèves, je
l'avoue...
Je n'ai qu'un regret en fermant ce livre, qu'ils soit publié dans la
collection Frontières et non en Page blanche.
Quand j'aurai l'occasion de conseiller des livres, j'en parlerai aux
filles de 4e et aux garçons de 3e, et aux plus vieux.
© Jean
TANGUY -- 24 juillet 2000
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Des
petits rien au goût de citron
Un roman de Régine
Detambel, Chez Thierry Magnier, 2008,
dans la collection Nouvelles
Dix nouvelles sympathiques et
positives.
- Une petite fille, sa grand-mère qui
est à l'hôpital et qui lui parle de son ange gardien.
- Une promenade amoureuse qui ne
termine pas comme elle était envisagée (et désirée).
- Un secret familial terrible qui est
dévoilé à une jeune fille par le garçon dont elle est secrètement
amoureuse, mais qui se termine bien.
- Un garçon qui va jouer pour la
première fois au concert de sa maison de quartier, qui espère se faire
remarquer par une fille. Il choisit d'être à l'heure au concert plutôt
que d'aider un vieillard qui semble dormir au pied d'un mur, au bord du
trottoir. Belle histoire jusqu'à la triste fin.
- une fille s'ennuie au collège jusqu'à
ce qu'un SMS illumine sa journée.
- Une jeune fille a peur des garçons
dans le bus et le dit à son père. On devine qu'il va la surveiller pour
la protéger. On s'attend moins au quiproquo avec son petit ami...
- Une petite fille raconte que son père
n'aime pas les Manouches qui occupent le terrain pas très loin de leur
maison. Plus tard, alors qu'elle est lycéenne,un incendie détruit le
campement. Elle rencontre un gitan qui lui fait voir sa guitare
calcinée, qui lui fait savoir qu'il sait mais qu'il ne dira rien. Elle
ose faire le rapprochement avec le garçon. Jolie fin.
(...)
Des nouvelles à la façon Detambel :
ciselées, parfois tendres, parfois cruelles, parfois violentes, mais
toujours avec juste ce qu'il faut comme mots pour raconter ou évoquer.
Très beau.
Filles et garçons de 14-15 ans.
© Jean
TANGUY -- 12 septembre 2011
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