L'Inde de Naïta

Un roman de Patrice Favaro, publié chez Thierry Magnier, en 1999,
dans la collection Roman.

L'Inde de Naïta Naïta part en Inde retrouver son père qui y vit depuis plusieurs années. Installé tout au Nord de l'Inde, dans la vallée de Kullu-Manali, la vallée des Himalayas, il organise des randonnées pour des touristes, dans ces vallées où sont réfugiés des Tibétains en exil.
Naïta vit avec sa mère, une pianiste virtuose souvent absente. On sait qu'elle a manqué le lycée. Mais si Naïta entreprend ce voyage, c'est pour une raison que l'on ignore, un souci, une fracture que l'on découvrira peu à peu, comme si elle avait oublié ce moment et qu'elle allait le retrouvait dans dans mémoire.
C'est en découvrant la chambre vide d'un canadien, Fairewell, disparu en y abandonnant toutes ses affaires, qu'elle commence vraiment un voyage pour se retrouver. Elle cherche cet homme et elle est secrètement persuadée de la retrouver.
Son père l'ayant quittée le temps de régler quelques problèmes avec un groupe de clients, ce sont ses amis, Norbu, un jeune réfugié, et Palden, un jeune moine, qui l'emmènent découvrir la région. Elle découvre la conduite particulière des Indiens, les véhicules qui se ruent dans les descentes comme s'il n'y avait qu'eux. Un éboulement contrarie leur retour. Ils se perdent, passent la nuit devant l'entrée d'une grotte, auprès d'un feu. Au matin, un vieux moine ermite vient à leur rencontre. La courte conversion qu'il a avec Naïta suffit au vieux moine pour deviner la raison de son voyage, Tu cherches à percer le secret d'un aure pour mieux masquer le tien. (...) Il est grand temps que tu sortes de la prison qu etu t'es forgée toi-même.
De fait, cette rencontre la bouleverse profondément et lui permet d'entrer dans une nouvelle vie, plus adulte.


Complètement dépaysant, ce roman offre de l'Inde du Nord, une vue très réaliste et peu folklorique. Tout est nouveau pour la voyageuse : les paysages, l'altitude, la nourriture, la façon d'entrer en relation, la circulation routière. La société qu'elle découvre n'a rien à voir avec celle d'où elle vient. C'est une société marquée par la proximité du Tibet et la présence des réfugiés. Elle est déroutée par un système de valeurs profondément différent, au point d'être déstabilisée et que bouge le système de références de la jeune fille. Ainsi, elle accepte comme une possibilité, le cycle des vies qui se succèdent, que s'efface la mémoire d'actes passés.
La souffrance de la jeune est évoquée avec discrétion et délicatesse. Il faut comprendre sa situation pour saisir quelque chose de la raison de son malaise.
Dans ce pays si différent du sien, si difficile à comprendre, elle découvre sa vérité, qui sont réellement son père et sa mère, des êtres généreux, libres et imprévisibles. Elles les acceptent enfin tels qu'ils sont, se donnant la possibilité de leur ressembler, d'être leur enfant et de continuer sa vie.

Ce roman n'est pas seulement un carnet de voyage dans le Nord de l'Inde, que Patrice Favaro connaît à l'évidence fort bien, c'est aussi le carnet du voyage intérieur d'une jeune fille blessée vers sa guérison, vers sa vie, tout simplement.

Pour garçons et filles ayant une maturité adolescente et une sensibilité éveillée. Vers 13-14 ans.

© Jean TANGUY   11 septembre 2004