Petit frère

Un roman de Christophe Lambert, publié chez Mango, en 2003,
dans la collection Autres Mondes.

Petit frère Geena et Andrew refusent d'accepter la mort de leur fils de 10 ans, David, qui s'est noyé dans une piscine. Quand on les met en lien avec un psychiatre qui leur propose de cloner leur fils, ils font table rase de leurs doutes et acceptent la proposition. Ils acceptent aussi de tout quitter, de couper les liens avec toutes leurs relations pour aller rejoindre la Nouvelle Arkham. Dans cette ville isolée en plein désert, habitent déja des gens qui, comme eux, ont perdu un être cher et l'on fait cloner. Seule leur adolescente de fille, Kimberley, s'est offusquée qu'ils puissent vouloir remplacer son frère.
Sur place, la vie est moins simple que prévu. Le nouveau David ressemble bien au précédent, mais il n'a pas les mêmes goûts, les mêmes souvenirs. Geena et Andrew ont du mal à l'aimer et à l'élever comme leur vrai fils. Kimberley ne se fait pas à cette nouvelle vie, refusant de considérer David comme son frère parce qu'on ne résume pas quelqu'un à son patrimoine génétique.
Puis, peu à peu, des petits riens mettent Andrew et Kimberley en éveil. On a prêté un livre à la jeune fille et elle y lit un passage raciste. Après quoi elle s'aperçoit qu'il n'y a pas de Noirs dans la ville. Andrew rencontre un homme qui affirme que le médecin qui dirige la ville tient à ce que les clone signorent tout de leur origines. Que dès qu'il y a un foyer de contestation quelque part (...) les gens disparaissent ou deviennent dociles comme des agneaux, parfois du jour au lendemain...
Le doute les rend méfiants. Les événements leur donneront raison...


Ce livre nous entraîne dans le monde des sectes et du clonage. Il n'est pas sans rappeler l'affaire du -faux- clonage d'un enfant par la secte de Raël. Sans oublier qu'on lit une fiction réaliste, on se dit que peut-être un jour, la réalité pourrait la rejoindre... Le roman, très bien écrit dans un style limpide, maintient une constante tension. Parce que tout en attendant une fin positive, voire heureuse, on décèle le piège de la secte en se demandant jusqu'où la famille va être aliénée. Parce qu'on craint pour la vie d'Andrew à partir du moment où il rencontre l'organiste. Parce qu'on ne voudrait pas que Kimberley s'amourache de ce James aux délires racistes. Parce qu'on se demande sur quoi va déboucher la surveillance du FBI relayée par leurs faux-voisins si prévenants.
Les personnages sont bien campés, avec un père qui ne sait plus où il en est, une adolescente rebelle, un nouveau David qui veut connaître sa vie d'avant l'accident, un gourou paranoïaque, un jeune homme raciste un peu hystérique, des opposants clandestins et silencieux. L'intrigue ne souffre aucun défaut.
En mêlant la science-fiction et une question de société dans un récit d'aventures aux nombreux rebondissements, Christophe Lambert a maîtrisé l'écriture d'un livre très réussi qui ajoute au plaisir de la lecture, matière à réflexion.

Pour garçons et filles à partir de 12 ans.

© Jean TANGUY   13 janvier 2005