Le goût de la mangue | |
Sombre trafic |
Un roman de Catherine Missonnier, aux éditions Thierry Magnier, 2001, dans la collection Roman. Anna vit
à Madagascar. Soit disant une vie de rêve dans un
paradis . Car cette jeune bretonne ne s'y sent pas à l'aise.
Anna est une élève sérieuse et
appliquée, alors que la jeunesse blanche
qu'elle est censée fréquenter est
plutôt désinvolte et nonchalante.
Pendant les périodes scolaires, elle vit en internat
à Tananarive, coupée de sa famille qui habite
à Tamatave, à quatorze heures de train. Anna
rêve d'être remarquée par un
garçon, pas un de la bande des glandeurs de
Tamatave, mais d'un dieu, d'un garçon
de l'aristocratie de la beauté souveraine,
d'Arnaud, précisément, qui lui
préfère sa trop belle cousine.
Ce roman a le goût
d'une autobiographie, si je puis me permettre... C'est tout
à la fois un texte exquis par sa fraîcheur, son
exotisme, cette atmosphère coloniale surannée, et
l'histoire émouvante, poignante d'une adolescente qui brave
les interdits et se retrouve devant le mur des
préjugés, des idéaux
supérieurs. La vie à Madagascar dans les
années 50 est restituée avec beaucoup de
détails et de vraisemblance. Le roman décrit bien
la position inconfortable de l'adolescente, qui ne s'intègre
pas aux colonialistes blancs sans pouvoir se lier aux malgaches, non de
son fait, mais à cause de leur réserve, de leur
défenses. Un beau livre. Une belle tranche
de vie, positive et réaliste. © Jean TANGUY 03 septembre 2001 |
Un roman de Catherine
Missonnier,
édité chez Rageot
en 2004 C'est en cherchant un coin
pour garer son camion et passer la nuit que Boris rencontre
Samira, une
fille brune, avec des longs cheveux abondants et bouclés des
femmes du Maghreb, une fille ravisante dont il
s'éprend aussitôt. Boris est un jeune
artiste de rue qui gagne sa vie à Paris en jouant la
comédie. Pendant l'été, il descend en
Ardèche -ce jour-là, il est à
Ruoms- pour jongler tout en racontant des histoires. Sa petite chienne
Poppy fait la quête, dressée
sur ses pattes de derrière, le chapeau dans la gueule.
Au hasard des endroits où il s'installe, il peut
trouver d'autres groupes d'artistes avec lesquels il collabore.
Originaire d'Ukraine, Boris est un enfant adopté par une
famille bourgeoise et aisée. Il ne se défait pas
de son histoire d'enfant qu'on n'a jamais aimé que par
intermittence. Samira s'est laissée envahir,
dévaster par Boris, tout en se rétractant
dans un silence réservé.
Boris aime sa retenue, tout en espérant qu'elle
finira par s'ouvrir à lui. Handicapée par une
cheville cassée, elle occupe son temps à
rédiger un dossier, enfermée dans le bureau de
cette maison qu'on lui a prêté. Elle refuse d'en
dire le moindre détail à Boris. Quelque chose la
tracasse, Boris devine que cela a à voir avec cette photo
où elle pose, superbe, dans une robbe de soie
verte dont le nom est Schérazade et qui l'a fait
éclater en sanglots. Comme l'Ardèche
brûle et que la gendarmerie est très
occupée. Boris se lance sur la piste de ses
mystérieux ravisseurs. Quel secret chachait si bien Samira ?
Qu'est-ce qu'a subi son amie Magali, qui l'a traumatisé au
point qu'elle est dans un hôpital psychiatrique ?
Qui est ce type à moto qui le poursuit ? pourquoi
Samira, future professeure des écoles, a-t-elle disparu
après avoir fait des photos de mode pour un catalogue
? Excellent roman policier dont
l'intrigue ne se laisse deviner qu'un trentaine de pages avant la fin,
alors même que l'auteur a semé des indices
depuis les débuts du roman. Le milieu
des artistes de rue est décrit comme
sympathique et chaleureux. Ils vivent une certaine liberté,
avec des moments de succès et des moments de
galère, dans des camions qui transportent tous leurs biens :
papiers, costumes, matériel. Il existe une
solidarité généreuse pour celui qui
est dans le malheur ou la détresse, chacun semblant savoir
que son équilibre de vie est fragile. Du suspense, de l'action, des rebondissements, des personnages attachants, un milieu sympathique. Un affaire grave et glauque, une fin semi-heureuse assez plausible... Que demander de plus ? Pour des lectrices et lecteurs
dès 12-13 ans. © Jean TANGUY 29 octobre 2006 |