Effroyables jardins

Un roman de Michel Quint, publié aux éditions Joëlle Losfeld, en 2001, dans la collection Arcanes.

Effroyables jardins Au procès Papon, un clown, un auguste, s'est introduit dans la salle d'audience. Que fait un clown dans un tribunal où l'on juge des crimes contre l'humanité ? Le fils de cet homme ne comprend pas pourquoi son père sort, lors de fêtes familiales ou pour des oeuvres charitables, sa valise d'accessoires de clown. D'autant qu'il est mauvais clown, mal maquillé et qu'il ne sa fait pas payer.
Un jour, l'oncle Gaston raconte. Son père et lui étaient dans la Résistance. Après un sabotage, ils sont capturés et jetés avec deux autres suspects dans un trou profond, creusé en plein champ, en attendant l'exécution. L'évasion est impossible. Les allemands veulent que se dénoncent les deux coupables. On imagine sans peine l'atmosphère angoissante au fond de ce trou. Le soldat qui les surveille a un comportement étrange. Il fait des grimaces, il les amuse, il leur donne à manger. Il les sauve, en fait. Ils seront relâchés au bout de peu de jours, parce que les allemands ont trouvé ailleurs, croient-ils, le coupable du sabotage.
Le fils comprend alors que son père doit la vie à un clown....


Court roman ou longue nouvelle, comme on voudra, pour un texte noir pétri d'un profond humanisme.
C'est un texte angoissant. Les hommes attendent la mort, ils savent que rien ne les sauvera, sauf à dénoncer les deux autres. Mais le clown-soldat les déride et les alimente, soutient leur espoir. Puis il y a cet épisode qui glace le lecteur en même temps qu'il admire une telle solidarité : un homme les a vu commettre l'attentat, il a été mortellement blessé. La femme de cet homme mourant a fait croire aux allemands qu'il était le saboteur. Ils l'ont fusillé.
L'ouvrage est court, 55 pages d'un texte écrit dans un style vif, émaillé de mots insolites. L'histoire est horrible comme peut l'être la guerre, et le texte est délicat, exprimant la beauté d'actes humains porteurs de grandes valeurs humaines. Le narrateur décrit ce qui s'est passé, sans forcer le trait, dévoilant peu à peu le sens de la vie clownesque de son père.
Un roman très réussi, qu'on n'oublie pas une fois la dernière page tournée. .

Pour tous les adolescents à partir de 13-14 ans. A faire lire aux collégiens de 3e, en même temps que La nuit d'Elie Wiesel, Si c'est un homme de Primo Lévi, et Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor.

  © Jean TANGUY   28 novembre 2001