Les Abîmes d'Autremer
  L'envol de l'Abîme
  L'appel de l'Abîme
  L'enfant et l'Abîme

 

  Les Abîmes d'Autremer

Un roman de Danielle Martinigol, édité chez Mango, en 2001 
dans la collection Autres mondes.

Assistante de son père, grand reporter à Main World Net, Sandiane est l'une des onze mille passagers qui participent au voyage hyperspatial inaugural d'un nouvel astronef de la TransCorp. Un accident se produit, le vaisseau va être détruit, l'évacuation est en cours, la panique est immense. Indifférente, Sandiane filme, ses images sont transmises en direct sur le Rés, le réseau d'informations des Cent Mondes. Un mystérieux vaisseau de la planète Autremer s'approche et vient sauver les voyageurs.
Alors que Sandiane essaie en vain de filmer le pilote, le vaisseau effectue une stase, un seul flux de cinq mille parsecs en dix secondes (soit seize mille années-lumière). Pendant que l'espace se replie, les passagers doivent se saisir de poignées pour éviter le mal de l'espace. Sandiane est surprise par l'incroyable chaleur qu'elle ressent, comme si elle s'immergeait lentement dans une matrice liquide et sécurisante.
Très loin de là, sur Autremer, Paul et Mel Maguelone ont reconnu Atan-koï, l'immense Abîme de Madery Maguelone.
Autremer est la planète maritime de l'Essaim des Cent Mondes, une planète qui vit dans la discrétion, dans le respect des autres et de la nature, une planète vigilante qui se protège des curieux, qui ne se laisse pas visiter de n'importe quelle façon, qui réglemente son tourisme...
Mais Sandiane, en voyageant dans cette Abîme, a eu son attention attirée par quelques détails. Elle a maintenant la certitude qu'elle peut faire un scoop. Peu à peu, elle va percer les secrets de cette planète liquide, découvrir que les pilotes des Abîmes sont d'abord pilotes de Bathys, être choquée que les pilotes des Abîmes puissent être vieux ( à la TransCorp, ils sont tous jeunes)... Obsédée par sa volonté d'informer à tout prix, elle n'hésite pas à se faire indiscrète jusqu'à mettre en danger le Bathy qui les promène dans un safari sous-marin...
Jusqu'où ira l'impertinente Sandiane dans sa quête de la vérité ? Qu'est-ce qui mettra des limites à son absence de conscience ? De ce qu'elle va découvrir, dévoiler ou démasquer, que choisira-t-elle de porter à la connaissance des habitants des Cent Mondes ? Mesurera-t-elle le prix et les conséquences de ses agissements ?
Se doute-t-elle que ce qu'elle va apprendre lui ouvrira un inimaginable avenir ?  


Un très beau récit de science-fiction, haletant et romantique à souhait, qui parle d'écologie, un thème cher à Danielle Martinigol. Mais plutôt que d'écologie, il faudrait parler de citoyenneté de l'Univers, puisque que ce roman mène des réflexions sur l'être humain et sa valeur, sur la préservation de la vie privée, sur le droit à l'information, sur les méfaits d'un journalisme marchand, sur la famille, sur le pouvoir politique, sur l'exploitation respectueuse de l'animal.
Mais ce roman qui ne fait grâce d'aucune critique sur notre monde, ses excès et ses déviances, n'est pas manichéen. Il eût été facile -trop facile- pour l'auteur, de décrire un enfer sur notre terre et un paradis extraterrestre. L'autre monde que crée Martinigol est complexe, et s'il apparaît paradisiaque, c'est parce que ses habitants sont vigilants, soigneux et qu'ils savent raison garder.

La grande trouvaille est l'invention des Abîmes, ces êtres vivants qui acceptent de s'aménager en vaisseaux et qui choissisent librement leur pilote, dans cette union quasi-mystique qui lie le perl à son vaisseau, au point que l'animal se laisse dépérir loin de son pilote. Lien que l'homme se doit d'entretenir et de respecter.

A travers la pratique journalistique du père et de sa fille, sont évoqués des problèmes d'éthique de l'information, de consommation irraisonnée et irréfléchie des images, de la collusion entre le pouvoir politique et les médias, avec un procès public qui confine à la manipulation de l'opinion.

C'est aussi un roman d'apprentissage où Sandiane est une adolescente fascinée par un père ambitieux et talentueux -dépourvu de toute morale- qu'elle s'exerce à imiter et dépasser. Elle évolue grâce à un amour naissant, vers une autre vie toute personnelle, avec un jeune homme qui l'initie à ce monde d'Autremer plein de poésie et respect, à la beauté, à la relation symbiotique avec l'Abîme qui la choisit, qui découvre qu'on peut accepter sans subir.

On appréciera les merveilleuses descriptions des paysages, des fonds sous-marins, les personnages complexes et leur sagesse, les héros riches de sentiments et positifs, le mystère qui dévoile avec une exquise lenteur. C'est un superbe hymne à un monde où l'homme est le gardien réfléchi et attentif du jardin planétaire et non l'exploitant mercantile et utilitariste.
Ce livre fait partie des romans de science-fiction qui enchantent leurs lecteurs, il mélange avec un rare bonheur l'anticipation technique à une vision poétique du monde, du monde humain tel qu'on le désire... Mais ce monde d'Autremer reste si étrange que, le livre fermé, il continue d'intriguer son lecteur.

© Jean TANGUY   01 août 2004  

 

  L'envol de l'Abîme

Un roman de Danielle Martinigol, édité chez Mango, en 2004 
dans la collection Autres mondes.

L'envol de l'abîmeQuinze années se sont écoulées. Sandiane, qui n'est plus journaliste, est devenue une des pilotes -on dit une perl- d'un de ces fabuleux Abîmes de la planète Autremer. Elle s'est mariée à Mel et a une fille, Aëla, qui peut communiquer avec n'importe quel abîme.
Dans la Confédération des Cent Mondes, toutes les planètes ne sont pas aussi idylliques qu'Autremer. Djauze, par exemple, est une planète-dépotoir où des bulles de gaz s'enflamment au moindre contact avec du métal. Les habitants qui y habitent ne se déplacent qu'équipés de combinaisons de protection.  Sur Djauze, un adolescent, Corian, guette la venue des Abîmes en rêvant de devenir perl, ce qui lui est normalement impossible vu sa planète d'origine et sa condition sociale.
Pourtant, dans la Confédération, un progrès a eu lieu. Autrefois, seuls les Autremeriens devenaient pilotes d'Abîmes, désormais chaque habitant des Cent Mondes peut espérer devenir perl, si toutefois un Abîme le choisit lors de l'épreuve d'osmose...
Justement, une osmose va avoir lieu. La puissante chaîne de cosmovision CWV a obtenu de parrainer cinquante participants qui seront filmés pour l'émission Les Vainqueurs de l'Impossible. Ce sera la première osmose diffusée en direct !
C'est pour auditionner les candidats que Sandiane débarque sur Djauze, dans des conditions difficiles que Corian peut observer et qui lui permettront de participer à l'Epreuve.
Curieusement, celui auquel Aela, la discrète fille de Sandiane, accorde sa confiance, est rejeté par les Bathys. Tout porte à croire, à la fin de l'Epreuve qu'il ne sera jamais perl.
Ce serait oublier que les Abîmes choisissent leur humain, et qu'un Abîme inconnu est apparu, qui se tient loin de toute cette agitation, qui attend...


Ce deuxième volet de la trilogie peut se lire indépendamment du premier, les rappels nécessaires à la compréhension étant faits dans le texte. C'est ce que j'ai fait, il y a quelques semaines, sans éprouver de gêne. En fermant ce livre, je me suis demandé si ce n'est pas le plus beau roman que j'ai lu au cours de cettte année scolaire 2003-2004...
Ici, c'est une perversion de la télévision qui est critiquée. Comment un bel idéal d'équité est transformé en un enjeu commercial où les candidats sont livrés aux caméras, poussés à une compétition hargneuse et à des coups bas. Comment des gens disposant du pouvoir en abusent pour favoriser leurs amis ou des membres de leur famille. L'émission de téléréalité provoque des effets sociaux néfastes au calme de la planète Autremer et à la sérénité des relations entre les Abîmes et leurs perls.
Cette sombre réalité est effacée lorsque débute la rencontre du vieil Abîme avec le jeune Corian. Alors le monde se réenchante, les relations humaines se réinstaurent dans la paix et les respect. L'amour reprend ses droits sur la tentative de marchandisation des relations des Abîmes et de leurs pilotes.
Il y a des beaux moments dans ce roman : le long et risqué voyage vers Primor, la lointaine planète. Quand Corian devient le perl de Jiu-Kam, puis quand il accepte de le quitter et de le laisser sur Primor. Quand Sandiane trouve Aëla lovée à l'intérieur de Mané-jeï, son Abîme et qu'elle comprend ce que fait sa fille...
Un roman de science-fiction écologique, un roman d'aventures, un roman d'apprentissage, des énigmes, un peu d'amour et de rêverie... Que peut-on vouloir de mieux ?

A partir de 13-14 ans et pour tous les bons lecteurs. Et pour les adultes.

© Jean TANGUY   04 août 2004  

 

  L'appel de l'Abîme

Un roman de Danielle Martinigol, édité chez Mango, en 2005
dans la collection Autres mondes.

L'appel des AbîmesChaddy Meretta est une jeune reporter très douée, une adolescente de quinze ans. Elle est la nièce de Mytolas Meretta, le directeur sans scrupules de la chaîne de cosmovision MGTCom. Myto et son père Varsos sont aussi aux commandes d’une compagnie spécialisée dans les vaisseaux familiaux. Pour concurrencer les Abîmes des Autremeriens, ils ont mis au point des divleurs. Autant dire qu’ils sont les concurrents directs des Maguelone. Chaddy, lorsqu’elle a hérité de sa mère, s’est acheté un divleur avec lequel elle parcourt la galaxie, accompagnée de Bicki, sa biocam. Chaddy suit des cours à l’ISH, que dirige Djem Rand-Soroly, celui-là même qui fit partie de l’expédition dans la galaxie du Nuage de Magellan.
Alors qu’elle s’approche de l’entrée Nord d’Agora, le centre administratif des Cent mondes, l’attention de Chaddy est attirée par l’Abîme Jang-al, pilotée par sa perl, Aëla Maguelone. Aëla fait passer son Abîme dans l’axe d’Agora, au mépris de toutes les règles de sécurité, pour rejoindre au plus vite la sortie Sud d’Agora.
Bicki, la biocam de Chaddy filme la scène qui va être diffusée sur MGTCom.
Evidemment, Aëla prend un blâme de la Commission des transports galactiques pour son dangereux exploit. On pense qu’elle est la cause des récentes perturbations causées par un Abîme non identifié. Mais les Maguelone savent qu’Aëla était à Sydney avec Sandiane chez sa mère et que Jang-al était au repos à l’île Creuse. 
Qui était donc cet Abîme ?

C'est peut-être pour le savoir qu'Aëla et son Abîme se rendent sur Primor, dans le Nuage de Magellan. Aëla découvre Primor sous la neige. Désespérée, elle doit se rendre à l'évidence : les Abîmes primoriens avaient disparu. (...) C'était comme si aucun Abîme n'avait vécu ici. Alors ils vont plus loin, vers la constellation de Zabée, trois sauts de trente mille années-lumière, puis un arrêt. Ensuite, trois sauts de vingt mille....   Et là, quelqu'un les cherche,  qui les a trouvé. Ce ne sont pas des humains, mais des champs de force. Le grand-père d'Aëla avait vu la même chose... Il est temps pour Aëla de revenir sur Agora, de rencontrer Djem, de croiser Chaddy, de découvrir pourquoi elle  s'intéresse tant à la famille Maguelone. 

Mais quand Aëla va rencontrer de mystérieux Abîmes venus d'un lointaine galaxie, des Abîmes comme on n'en a encore jamais vu, et que MGTCom attise la peur en diffusant des propos xénophobes, quel camp Chaddy va-t-elle choisir ?  Que vont faire les Abîmes Kksis ? Vont-ils pouvoir communiquer aves les Autremériens ?
Et si les Abîmes Ksis venaient sur Autremer pour s'osmoser avec Nelyo et Maderine, les jumeaux de Sandiane ? 


Dernier volume de la trilogie des Abîmes d'Autremer.  Il se termine de façon terriblement violente par le sacrifice du grand Abîme noir, un sacrifice terrifiant et rassurant tout à la fois. La tonalité du livre est plus oppressante, parce qu'on craint pour l'avenir d'Autremer et des Abîmes. Parce qu'on ne peut savoir quel camp va choisir Chaddy, parce qu'Aëla est vraiment audacieuse et imprévisible, parce que son Abîme est tellement possessif qu'on craint le pire pour sa perl. Parce qu'on en sait rien des Abîmes Ksis, de la raison de leur venue sur Autremer.
Ce dernier volume est donc assez inquiétant, parfois triste, même s'il y a de beaux moments, de superbes descriptions des stases du grand Abîme, la découverte des Abîmes Ksis et de leurs perls si différents, l'amour de Djem pour Aëla, la fraîcheur et la joie de vivre des jumeaux Nelyo et Maderine, l'espoir qu'ils ouvrent en  devenant les perls d'un Abîme Ksis, 

 On retrouve les thèmes des autres volumes : le respect de la nature, la droiture et le courage, la valeur de la famille, la tolérance et la confiance lors de la rencontre d'autres être différents de soi.

De multiples rebondissements qui sont comme autant de raisons de craindre et d'espérer, des moments émouvants, une belle fin, même si elle est sombre. L'attente valait la peine...
Pour tous lecteurs.

© Jean TANGUY  03 décembre 2005  

 

  L'enfant et l'Abîme

Une nouvelle de Danielle Martinigol, publiée dans Premiers contacts,
une anthologie éditée chez Mango, en 2005, dans la collection Autres mondes.

L'enfant et l'AbîmeTout au début de la colonisation de la planète Autremer, Andjo Maguelonne va souvent rêver au bord de l'eau. Il pense à l'époque encore proche où il vivait sur la planète Terre, à sa mère qui est morte, le cerveau grillé pendant une stase, lors du voyage  qui les amenait sur Autremer. Il pense aussi à la lumière aperçue à plusieurs reprises au cours de ce voyage. Avec son père, Werner, ils se disputent à ce sujet. Un soir où son père le corrige sévèrement, Andjo fugue à bord d'une barque de pêcheur vers l'île Zabée. Il est parti sans prévoir qu'il aurait  faim et soif. Au moment où le désespoir le gagne, Anjo voit apparaître une forme oblongue gigantesque qui descendait de l'azur dans sa direction.
C'est un Abîme, le premier Abîme à choisir d'entrer en relation avec un être humain...


Un tout- petit texte publié dans une anthologie, qui raconte la première rencontre d'un Abîme et d'un enfant. Andjo pénètre jusqu'à l'oeil de l'Abîme, sans imaginer le privilège dont il bénéficie. Car c'est plus tard que le lecteur saura que ce sont les Abîmes choisissent celui qui entre dans leur oeil, et non l'inverse.
Une petite vingtaine de pages sur la rencontre de l'Autre,  qui se lisent rapidement et qui sont aussi enchanteresses que la trilogie.
Pour des lecteurs et lectrices dès 11 ans.

© Jean TANGUY   29 octobre 2005